Fiche de lecture – Volume, vol. 14:1, no. 2, 2017 – Du charivari au big data. Les musiques populaires au prisme des sound studies‪ – ‪Entretien avec Jonathan Sterne‪

Pour alimenter mes recherches sur les pratiques d’écoute de la musique et plus particulièrement sur les recommandations sur la plateforme de streaming musical Spotify, étudier ce numéro de la revue Volume, intitulé Varia me semble intéressant.

Cet article sera une fiche de lecture (ou comme une liste de choses à retenir) de l’article Du charivari au big data. Les musiques populaires au prisme des sound studies du no. 2, 2017 de la revue Volume, de Jonathan Sterne, Jedediah Sklower et Guillaume Heuguet. Les éléments dans cet article qui sont mis en avant sont en rapport avec mon sujet d’étude qui porte sur l’utilisation des recommandations dans la pratique d’écoute de musique sur la plateforme Spotify.

Questions de méthode

L’apport de l’économie politique de la communication

Les principes de pouvoir et de financement sont importants dans le développement des technologies. De façon classique, le pouvoir c’est quelque chose qui appartient à quelqu’un et pas à d’autres.

Méthode utilisée : l’observation participante.

Pour John Mowitt, en parralèlle du développement de la réduction du bruit, se sont développé les amplificateurs et autres sources de bruits instrumentaux. La nostalgie du passé, les souvenirs font qu’une technologie ne sera jamais épuisée.

Le peuple, l’écoute, le bruit

Écrire l’histoire culturelle de l’oreille populaire

Lorsqu’on étudie l’époque contemporaine, il y a possibilité de se référer à des témoignages. Plus l’époque étudiée est lointaine, plus il est difficile de trouver des ressources.

Jonathan Sterne trouve intéressant de souligner le fait que les audiophiles écoutaient de la musique populaire, pas de la musique « légitime ».

Médiation technologique et affects

Les médiations technologiques sont très importantes. « Un auditeur ne supporterait pas que l’on rejoue en permanence, devant lui, au piano, la même chanson. Mais, il la tolère, et éventuellement y prend un certain plaisir, lorsqu’elle passe à la radio pendant tout le temps de son succès. » (1991 : 196) : ça peut être vu comme une critique de l’aliénation de la médiation technologique. ça peut aussi être vu comme le fait qu’on puisse écouter un morceaux autant qu’on le souhaite et y prendre du plaisir. Le fait d’écouter un morceau en boucle nous fait le connaitre comme un film vu et revu, un livre lu plusieurs fois, etc.

Pour James Carey, la dimension rituelle, c’est le fait que ce soit répété, qui n’est pas qu’une transmission d’idée, mais c’est aussi une sensation, une façon de se comporter et d’appartenir à quelque chose.

Production / reproduction

L’enregistrement comme source

A chaque époque son style. Ces styles mobilisés peuvent être analysés sans qu’ils soient pour autant totalement représentatif de l’esprit d’une époque.

Notre époque est esthétiquement définie par le fait de reproduire le style d’autres époques, appelé par Jonathan Sterne « l’effet Lenny Kravitz ». Plusieurs époques peuvent être représentées en un seul morceau, de façon nostalgique.

Pour Jonathan Sterne, la « cuisson » d’un morceau, c’est le moment où le son sort des baffes, des écouteurs, d’une chaîne, etc. C’est le traitement du signal.

L’esthétique de la compression

Si le son ressemble trop à la réalité, les gens trouvent ça bizarre. c’est pourquoi le son est compressé. Autre élément intéressant : plus c’est fort, plus les gens ont tendance à écouter.

Au niveau du développement de la technologie musicale, pour beaucoup, ce sont les praticiens qui les ont découvert et ensuite la technologie qui les a rattrapé, plus que l’inverse. Par exemple : Jimmy Hendrix et le Larsen, le sustain infini, etc.

La base de la découverte, c’est de la bricole, qui est simplifié par la technologie pour être appropriée par tout le monde.

Cette reproduction technologique (dans le sens indiqué au dessus) est très importante dans le style sonore des musiques populaires.

Politiques de la musique numérique

Streaming, compression sonore et big data

Les plateformes de streaming utilisent des formats compressés. Economiquement et juridiquement, le streaming rend la musique utile : les gens sont prêts à payer pour un service plutôt que pour des enregistrements.

Il y a d’un côté l’abondance des métadonnées et de l’autre des informations intéressantes pour les usagers qui se font rare. Alors que si l’information est utile au détenteur des droits, là, elles sont nombreuses.

Jonathan Sterne explique qu’il ne veut pas spécialement montrer à tous ses goûts, ni que ses pratiques d’écoute soient suivis à la trace, etc.

D’après des recherches sur les pratiques d’écoute de certains jeunes sur Spotify, certains décochent l’option qui permet de publier ses goûts sur les réseaux sociaux.

Est-ce que les analyses d’audiences sont significatifs sur les publics ? Est-ce que les statistiques sur les téléchargement, sur le streaming, nous apprennent des choses sur les auditeurs ?

Copyright et politique culturelle

Nous n’avons jamais écouté autant de musique qu’aujourd’hui. Nous avons accès à plus de musique aujourd’hui que dans toutes les autres époques.

Le contrat d’utilisateur que l’on coche stipule qu’on ne possède pas la musique qu’on achète. C’est encore plus explicite sur les sites de streaming : on paye un abonnement pour avoir accès à la musique. En droit, c’est une régression pour la protection des artistes, pour la propriété intellectuelle.

Laisser un commentaire